Les treize travaux de Vallée de Munster en Transition
Trans’Actions fructueuses
Le groupe «Mobilité» travaille aussi à l’optimisation des itinéraires cyclistes et pédestres, « le plus souvent conçus dans une optique de loisirs et non de déplacement ». archives DNA
Depuis septembre 2012, l’association Vallée de Munster en Transition conduit des projets citoyens innovants dans de nombreux domaines (recyclage, mobilité, cuisine…). Petit inventaire des premières recettes tirées de leurs 13 groupes de travail, de la mise en place d’un réseau d’auto-stop bien encadré à des listes de cadeaux de Noël 100 % locales.
Dans l’association Vallée de Munster en transition, on ne manque pas d’humour. Leur premier journal, distribué ces jours-ci dans les boîtes aux lettres sous le Hohneck, a été baptisé « Trans’Actions ». Loin des places fortes financières où les transactions font rage, la centaine de membres engagée dans l’association cherche plutôt l’harmonie. Et des réponses locales à des problèmes plus vastes.
Pourquoi ? « Parce que l’économie devra inévitablement se relocaliser, disent-ils ; parce que c’est le niveau auquel les citoyens peuvent inventer des solutions adaptées à leur réalité ; parce que c’est souvent au plus près que se trouvent les gens, les ressources et les solidarités pour agir efficacement ».
Depuis un an, treize groupes de travail ont été constitués, où l’on réfléchit à des thématiques aussi diversifiées que « la communication », « les incroyables comestibles », « l’économie sociale et solidaire » ou… « la fiesta ». Après un an seulement émergent déjà des réponses et des applications concrètes.
Coup de pouce à l’auto-stop
– Groupe « Mobilité ». – « Comment se déplacer lorsqu’on n’a pas de véhicule, qu’on souhaite l’utiliser moins, ou simplement partager ses sièges ? » Depuis l’été dernier, l’association a ressuscité un système d’auto-stop audacieux avec une vingtaine de points de rencontre à l’échelle du canton. Le dispositif « Transi-stop », pour lequel les conducteurs et les auto-stoppeurs sont identifiés par un logo, permet de mutualiser judicieusement les déplacements avec un double bénéfice : moins de pollution, plus de lien social.
Des listes de Noël « Made in Munster »
– Groupe « Solutions locales ». – Il poursuit l’objectif « de recenser les ressources disponibles dans la vallée, et plus spécifiquement les produits sains et réellement utiles, pour faire vivre l’économie locale ». Qui sait par exemple qu’il existe une production bio au lycée du Pflixbourg, avec un magasin de vente et un système d’abonnement au panier ? Pour la période de Noël, ils réfléchissent à l’élaboration d’une liste de cadeaux issus à 100 % de la production locale : un miel de montagne, une jolie céramique d’artisan…
Les remèdes « de grand-mère »
– Groupe « Santé naturelle ». – « Entretenir son capital santé pour bien vivre et bien vieillir », c’est ce à quoi réfléchit ce groupe à travers des échanges de « bons plans » naturels et accessibles à tous. Cela passe notamment par des sorties dans les paysages de la vallée, encadrées par des spécialistes, à la découverte des plantes sauvages. Ou comment une hygiène de vie, la prévention ou quelques « recettes de grand-mère » peuvent apporter un mieux-être significatif au quotidien.
Seconde vie pour les matériaux de récupération
– Groupe « Habitat et énergie ». – Il s’agit ici de recenser et faire partager des méthodes simples qui permettent de rendre son logement « plus économe et moins énergivore, proposer des visites de bâtiments innovants et exemplaires, répertorier les matériaux disponibles localement… » L’association donne l’exemple avec une expérimentation grandeur nature : elle retape actuellement une ancienne remise avec uniquement des matériaux de récupération (planches, poutres…) provenant d’une maison en destruction à Munster.
La parole libérée « pour mieux comprendre »
– Groupe « Philo ». – Dès le départ, l’association a souhaité adosser ses réflexions à une pensée philosophique, « sur notre mode de vie, nos besoins, notre rapport aux autres et à la nature ». Cet objectif se traduit sur le terrain par des cafés philo qui permettent de partager tous ces questionnements. C’est de la « philo vivante », jamais académique, prévient-on : « elle doit aider à mieux comprendre le quotidien ». Ces réunions, dans lesquelles la parole est libérée, joyeuse, sont animées par un philosophe et un prof de philo.
C’est quoi, la transition ?
A l’échelle de la vallée, ce mouvement planétaire (né en Irlande* en 2006) réfléchit à « comment vivront les habitants dans dix ou vingt ans ? » et « quel monde laisseront-ils à leurs petits-enfants ? » Autant de questions sur lesquelles planche l’association Vallée de Munster en transition depuis septembre 2012. En seulement un an, elle est passée d’une dizaine d’adhérents à plus d’une centaine qui poursuivent l’objectif d’inventer « une société plus fraternelle où les potentialités locales et les talents de chacun seront mieux exploités ». Ils précisent que l’association n’a aucune visée politique, ni religieuse d’ailleurs, et qu’elle rassemble des habitants de tout l’échiquier. « Notre démarche est d’expérimenter ensemble des solutions simples qui peuvent apporter du bien-être, de la cohésion, de la joie, sans attendre passivement que nos élus et dirigeants fassent des miracles dont ils n’ont pas nécessairement les moyens », soulignent-ils dans l’édito de leur journal.
* En Angleterre