Le B.A.BA d’une vie sans plastique et sans BPA
source : http://alternatives.blog.lemonde.fr/2013/04/12/le-b-a-ba-dune-vie-sans-plastique-et-sans-bpa/
Le dernier rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) met en cause comme rarement l’impact du bisphénol A (BPA) sur notre santé. Mais comment l’éviter au mieux au quotidien ?
Pour en savoir plus, j’ai demandé à Katia, mère de quatre enfants qui vit depuis quatre ans en bannissant tout type de plastiques et de contenants pouvant être source de perturbateurs endocriniens, de m’en dire un peu plus sur ses habitudes de vie.
Une maman qui cogite
Combien sont-ils, ces parents inquiets du monde qu’ils vont laisser à leurs petits ? Ces mères, parfois désemparées, qui ne savent plus comment agir pour préserver la santé de leurs bambins ? Comme le montre le reportage suivant, réalisé en Martinique il y a quelques jours, beaucoup se disent que le BPA est en cause aujourd’hui et que d’autres molécules seront accusées demain :
Et c’est pour essayer de se préserver au mieux que certain(e)s décident de modifier leurs habitudes, tant bien que mal. Katia en fait partie: à la naissance de son quatrième enfant, il y a quatre ans, c’est le déclic : elle réalise à quel point la société du tout jetable ne lui convient plus, que la tonne dedéchets amassés et d’heures de fabrication pour des produits qui serviront de trois secondes (lingette jetable) à quelques heures (couche jetable) ne sont plus viables.
Tout s’enchaîne très vite: Katia commence à opter pour des solutions lavables, pour des produits fait maison (du liminent oléo-calcaire aux yaourts en passant par la lessive et des produits nettoyants faits maison) puis réalise que tout le côté pratique du plastique cache des effets nuisibles – essentiellement liés à la lixiviation, ou migration des substances chimiques dans la nourriture. Mais ce n’est pas tout: « ce sont les objets du quotidien avec lesquels nous sommes le plus souvent en contact que nous devons bannir au plus vite : notre clavier, notre souris, les télécommandes TV et Jeux, les CD et DVD, les appareils ménagers (mixeurs, cuit-vapeur plastique, bouilloire…), les cloches à micro-onde, etc. », souligne la jeune femme qui, côté cuisine, n’achète plus aucun aliment ou boisson contenus dans les boites de conserve, ni les aliments sous-vide contenus dans des barquettes blanches ou de couleur.
Comment vivre sans plastique ?
Image : www.igepac.com
Certes, tous les contenants n’ont pas la même nocivité et il existe une multitude de matières plastiques très différentes les unes des autres. Pour s’y repérer, il faut « pister le triangle » du code d’identification de la résine que l’on a entre les mains.
Comme le signale le site canadien Life Without Plastic, « parmi les sept différents types de plastique codés que l’on retrouve sur le marché, des études ont démontré que les plastiques numéros 1, 3, 6 et 7 (polycarbonate) sont les plus susceptibles de faire migrer dans leur contenu des plastifiants toxiques. Des recherches sur les plastiques 2, 4 et 5 se poursuivent ».
Mais à la pratique, traquer les différents types de plastique est un vrai casse-tête et une perte de temps immense : « parfois même il faut déchirer le sur-emballage cartonné pour apercevoir le triangle du pot plastique! » remarque Katia, dont la prise de conscience l’a décidée à ne plus utiliser de plastique du tout, quelque soit sa nature. « Le meilleur réflexe est donc ne se passer de plastique et de changer ses comportements de consommations ! » indique-t-elle.
Pour cela, elle y est allée par étape, en commençant par retirer tous les plastiques de ses placards : vaisselle pour enfants, saladiers et petites boites de stockage, flacons et bouteilles de la salle de bain et du frigo. « Je n’ai pas hésité une seconde. Moi qui adorais mes petites boites plastiques, je n’ai pas eu de mal pour les remplacer par des pots en verre de récupération (confiture, compote…) » témoigne Katia, qui reconnaît qu’il a été plus délicat de trouver de la vaisselle adaptée et incassable) pour ses enfants. « Finalement, j’ai opté pour l’inox, matière saine, incassable, durable et stabilisée. Idem pour les gourdes ».
Mais le plus dur fût pour les courses, dans les rayons du supermarché: « j’ai été face à un mur qui m’a semblé infranchissable, mon premier caddie suite à ma prise de conscience a été vide… Tous les produits que j’avais l’habitude d’acheter avaient forcément du plastique… Sueurs froides dans les rayons : qu’allions-nous manger ? », se demande-t-elle, habituée à fréquenter les grandes surfaces, « pratiques pour trouver en un rien de temps tout de dont on a besoin pour la semaine ».
Katia réalise qu’elle doit aller voir ailleurs et « apprivoise » de nouvelles façons de faire les courses. Progressivement, elle trouve d’autres repères et s’organise désormais ainsi :
Fruits & légumes, oeufs = chez des producteurs locaux ;
Viandes = chez le boucher, même si elle est aussi devenue « presque végétarienne » (voir cet article);
Céréales (pâtes, riz, farines, graines…) = en vrac dans des magasins bio (on met dans des sachets papiers, ou on utilise des petits sacs en tissus) ;
Produits ménager = pour la plupart ils sont faits maison ;
Produits cosmétiques = hyper réduits, de l’huile pour la peau (dans un flacon verre), du shampoing en pain (façon savon), du savon en pain (au lieu du gel douche);
Fromages = à la découpe, yaourts et desserts lactés = faits maison.
Bocaux en verre pour tout ce qui concerne les compotes, les légumes, etc.
Elle a aussi modifié peu à peu le type d’ustensiles de cuisine utilisés et utilise maintenant des mixeur avec un pied en inox, des casseroles et poêles en inox, des plats en verre.
Les petits hics
La pétition de WECF remise le 9 avril 2013
Seul domaine où elle rencontre encore des difficultés: les jeux pour enfants. « Autant on trouve de très jolis jeux en bois pour les petits, autant en grandissant les jeux de substitution au plastique sont rares. En plus les effets de mode rendent très difficile de refuser Petshop et autres jeux plastiques… Sans compter les consoles de jeux avec leurs manettes plastiques. Alors je demande toujours à mes enfants de se laver les mains après », explique-t-elle en ajoutant que le BPA passe aussi dans notre corps par le toucher. A ce sujet d’ailleurs, une pétition signée par 30 000 personnes a été remise au gouvernement le 9 avril 2013 par l’association WECF France. Objectif : faire changer les réglementations dans l’industrie du jouet.
D’ailleurs, un rapport publié par l’Anses en juin 2012 se penchait sur les alternatives potentielles au BPA, en soulignant à quel point cela peut être complexe… Dans cet article, Novethic insiste sur le besoin d’accélérer les recherches… Sans oublier que le plastique a des effets sur notre santé, et engendre également tonne de pollutions dans notre environnement (un cinquième du plastique est recyclé en France), à l’image du continent de plastique qui évolue actuellement vers le nord du pacifique… ou de ce travail réalisé par l’artiste Chris Jordan sur une île située à 2000 kilomètres de toutes les côtes, également dans le Pacifique : les albatros y meurent, l’estomac remplit de débris mutiples, en plastique…
En attendant, Katia partage ses bons plans sur son blog et a décidé de faire bénéficier de ses recherches de produits sans BPA en ouvrant une boutique en ligne.
Et vous, êtes vous sensibles à cette question? Qu’est-ce qui vous inquiète le plus ? Avez-vous changé vos habitudes?
Anne-Sophie Novel / @SoAnn sur twitter
Pour aller plus loin
Un article de France Tv sur ces objets qui contiennent du BPA, et ci-dessous, le rapport de l’ANSES :