En septembre 2012, une nouvelle association a vu le jour à Munster : Vallée de Munster en Transition. Le mouvement de Transition n’est pas une invention locale : il se développe de manière spectaculaire à l’échelle de toute la planète. Il a pris sa source en 2006 dans la ville de Totnes, au Royaume-Uni, sous l’impulsion du chercheur Rob Hopkins.
Dans le Haut-Rhin, la commune d’Ungersheim est officiellement déclarée Territoire en Transition, et de nombreuses initiatives locales sont en train de se structurer, notamment à Colmar.
Les constats
La Transition, qu’est-ce ?
C’est une façon d’envisager la vie sur les territoires, de manière à apporter la meilleure réponse possible à la problématique de l’énergie, à laquelle nos sociétés se sont rendues extrêmement dépendantes. Or chacun sait que la quantité d’énergie fossile (pétrole) et fissile (nucléaire) disponible, va en s’amenuisant, alors que la demande augmente de façon exponentielle. Nous avons atteint en 2012 (ou 2013 selon certaines sources) le moment où l’offre devient inférieure aux besoins. C’est ce qu’on appelle le « pic pétrolier ». Conséquence évidente : les prix vont flamber, et il va falloir apprendre à faire autrement.
Refuser la politique de l’autruche
Les mouvements de Transition sont nés d’une réalité simplissime : quand une situation évolue, il faut évoluer en conséquence. Ne pas le faire revient à s’exposer à se mettre en péril. Depuis 200 ans, le pétrole nous a tenu lieu d’esclave discret et bon marché, permettant un accroissement spectaculaire du niveau de confort et de la consommation, avec les effets que l’on connait sur l’environnement (gaz à effet de serre…). On considère que grâce au pétrole, un occidental moyen a à sa disposition 100 à 150 « esclaves énergétiques », c’est à dire qu’il lui faudrait l’aide de plus de 100 travailleurs à son service pour accéder au même niveau de confort si le pétrole venait à disparaître. En faisant le plein de carburant d’un véhicule ordinaire, on y injecte la quantité d’énergie déployée par un travailleur manuel en une vie !
Questions : comment faire pour s’en passer, quelles conséquences pour notre quotidien ?
Fort heureusement, le pétrole ne va pas tarir du jour au lendemain. Nous avons donc la possibilité d’utiliser l’énergie encore disponible et bon marché pour préparer la suite, par exemple en développant les énergies renouvelables, dont la mise en place (fabrication du matériel, transport,…) est tributaire du pétrole.
Plus nous nous préparons en amont, plus nous aurons de facilités à mener à bien cette adaptation.
Une notion-clé : la résilience
Le mouvement de Transition cherche donc à développer la résilience de la société, c’est à dire à augmenter sa faculté de faire face aux évolutions.
Les produits manufacturés sont gourmands en énergie pour leur fabrication et leur acheminement ? Essayons de leur préférer les fabrications artisanales et locales.
On ne pourra plus s’offrir des voyages transcontinentaux ? Redécouvrons les trésors qui sont à nos portes.
Nous avons perdu la faculté de cultiver localement les aliments dont nous avons besoin pour assurer notre subsistance ? Réapprenons à « cultiver notre jardin », comme le prônait déjà Voltaire en son temps.
Bien entendu cette résilience ne peut se développer à l’échelle de l’individu, d’où la nécessité de structurer des réseaux au sein desquels chacun pourra mettre ses aptitudes au service du groupe, et bénéficier des compétences des autres dans les domaines où il n’en a pas ou peu.
C’est donc une magnifique opportunité qui s’ouvre à nous : substituer peu à peu à la toute-puissance de l’argent un système où le lien social, l’entraide et l’estime mutuelles prédominent, dans un esprit de fraternité et de solidarité.
Le monde de demain, loin de l’apocalypse environnementale et du chaos que beaucoup redoutent, peut devenir infiniment plus sain et joyeux qu’il ne l’est actuellement. Il ne tient qu’à nous !
Des actions concrètes
Développer la permaculture et le maraîchage, les savoir-faire qui ont fait leurs preuves, les circuits courts, les systèmes d’échanges locaux, organiser un mode de gouvernance citoyenne, sont les actions fondamentales que développent les mouvements de Transition. Ils s’appuient sur les richesses locales (artisans, associations, aînés pleins d’expérience…). A Munster, des initiatives intéressantes ont déjà vu le jour : Jardins partagés et trocs de graines grâce à PotagerEnVie, projet hydroélectrique citoyen avec PERLE, etc… L’objet de Vallée de Munster en Transition est de favoriser de telles initiatives et de les fédérer, mais aussi d’en faire émerger de nouvelles ! Pour découvrir et mieux connaître le mouvement de Transition, l’association propose chaque année, à la Toussaint, un forum citoyen « Natur’enVie« . Il est l’occasion de rencontres, de conférences, d’ateliers, de débats et de moments festifs, autour de la transition.
Références et liens utiles :
- Biblio : Manuel de Transition, de la dépendance au pétrole à la résilience locale, Rob Hopkins, éd. Silence / Ecosociété
- transitionfrance.fr
- Wikipédia » Ville en transition
- Mairie de Ungersheim
- transitiontowntotnes.org
- Trièves en Transition
- La foire de Trièves
- Un avenir sans pétrole (Blog)
- Le réseau Transition
- Le manuel de la Transition
- La revue Silence